la Musique Electronique
Il s’agit du type le plus moderne, celui qui est pratiqué avec des ordinateurs, synthétiseurs, sampleurs, modulateurs, boîtes à rythmes, etc., c’est-à-dire des instruments qui possèdent un circuit électronique, un ensemble de programmes et qui fonctionnent grâce à l’électricité ;
la Musique Acoustique
qui est pratiquée avec des guitares, violons, contrebasses, calebasses, cloches, djembes, balafons, aokos, etc. c’est-à-dire des instruments qui possèdent en général une caisse de résonance et fonctionnent uniquement grâce aux matériaux avec lesquels ils sont fabriqués, sans électricité ;
enfin, la Musique Organique
Le type le plus ancien que l’humanité pratique, en se servant uniquement des organes et des capacités du corps humains (bouche, voix, bras, mains, jambes et pieds, organes internes…) et du groupe, afin de concevoir des œuvres musicales collectives, dansées et chantées.
1) La Musique Organique est Universelle
Fondamentalement, la Musique précède l’apparition de l’humanité sur Terre ; elle est partout présente autour du Soleil, entre les planètes et tout au sein de l’Univers. Même les étoiles dans l’espace infini brillent et chantent en synchronicité et en harmonie avec le Tout, telle une horloge parfaitement programmée, à des fréquences sonores cependant totalement inaudibles pour l’être humain.
D’après Sylvie Vauclair, dans son ouvrage intitulé La Musique des Sphères (dont je vous recommande la lecture), « les étoiles vibrent tels de gigantesques instruments de Musique. Le Soleil ne fait pas exception : […] par un hasard plutôt cocasse, il résonne en sol dièse, selon l’échelle musicale moderne […]. Une grande partie des étoiles du ciel, celles qui ressemblent au Soleil, et beaucoup d’autres encore, différentes, résonnent elles aussi comme de grosses cloches sphériques, chacune avec une signature sonore qui lui est propre, qui dépend de sa taille, de sa composition, de sa température et de l’ensemble de ses paramètres physiques. De nombreuses harmoniques peuvent être excitées, avec un maximum d’amplitude pour une fréquence particulière, la « note » principale de l’étoile. »
Sur Terre, les différents règnes du Vivant : minéraux, végétaux, animaux et humains sont tous réceptifs aux vibrations sonores et donc, à la Musique. Les animaux, qui possèdent une âme, sont naturellement et aisément touchés par la Musique. Eux-mêmes, d’ailleurs, sont capables d’émettre des sons, de crier et de chanter. Le chant des oiseaux permet une bonne organisation sociale et améliore ainsi leur survie. En général, ce sont surtout les mâles qui chantent, généralement dans le but de séduire les femelles. Produire un beau chant est important pour les mâles, car les femelles seront attirées par celui-ci, associant le chant à un gage de puissance, de santé, de richesse et de protection de la part du mâle. D’ailleurs, les chants les plus complexes sont ceux utilisés pour appâter les femelles.
Certaines fleurs aiment également les musiques douces, d’autres les musiques de danse, d’autres les musiques solennelles, les unes les sons aigus, les autres les sons graves. Toute la Nature, et le Vivant dans son ensemble, est à la fois créateur et récepteur de Musique.
Pour ainsi dire, la Musique fait partie du Vivant, de la Vie, et ne peut être séparée de cette dernière. Nous pouvons ainsi affirmer que vivre, c’est jouer au quotidien de la musique, être dans les bons échanges, bien communiquer ; mais cela peut également signifier conduire sa vie avec ordre, clarté, structure et harmonie, car la Musique nous montre que ses vertus sont dans sa nature, comme c’est encore le cas de la précision, de la perfection, de la diversité, de la globalité et de la beauté, entre autres.
2) La Musique Organique, à travers l’Histoire
Appelée aussi « Musique corporelle et vocale », « Musique vivante », « Musique vertueuse », « Musique des sphères », « Body Music », « Soul Music », « Sun Music »… la Musique Organique est la plus ancienne et la plus naturelle forme de Musique que l’être humain ait pu pratiquer, depuis son apparition sur Terre, bien avant que celui-ci ne la connaisse autrement, c’est-à-dire par l’emploi d’instruments acoustiques ou encore électroniques. Depuis la nuit des temps, les tribus humaines, les communautés, les collectifs, les chorales, etc. ont pratiqué la M.O. durant des cérémonies, des rites, des fêtes, des messes, etc., et sous diverses formes musicales.
Toutes les peuples, ancestraux et traditionnels, existants à travers le monde, vivaient, jouaient et dansaient en pratiquant la Musique Organique.
Ces peuples voyaient l’être humain et son corps comme un instrument capable de concevoir naturellement des sons, de manière innée, ou de les développer par la pratique régulière, et de les associer entre eux pour créer ces œuvres musicales collectives, unificatrices et nourrissantes.
Que ce soit les Africains, les Égyptiens, les Hindous, les Grecs, les Romains, les Bulgares, les Arabes, les Indiens, les Chinois, les Incas, les Amérindiens, les Latinos, les Aborigènes, les Pygmées, les Massaï, les Atlantes ou encore les Esséniens, etc., toutes les cultures passées et encore actuelles n’ont jamais cessé de pratiquer la Musique, sous des formes et modes divers et variés, en faisant simplement usage du corps, en le mettant en mouvement, en synergie avec le rythme et le groupe.
Cela montre bien que la Musique Organique est un langage universel par lequel tous les êtres vivants, et même les astres, communiquent.
Œuvre musicale et vivante des Baka du Congo, accompagnée de percussions.
3) Culture, œuvres et identité
Spectacle vivant de danse et chant Kecak, à Bali en Indonésie, tout proche du volcan Bromo.
Une caractéristique fondamentale de la Musique Organique, que les artistes, les ethnologues et musicologues ont pu constaté chez ces peuples, est que celle-ci a toujours été pratiquée en groupe, et non pas de manière individuelle et personnelle, comme c’est le cas de nos jours, en Occident. Ces œuvres étant concrètement vivantes, elles ne peuvent être réellement séparées de celles et ceux qui les jouent, puisqu’elles sont portées par les peuples, et ancrées dans la nature et la culture de chacun d’entre eux.
En effet, pour ces tribus et communautés, la Musique Organique est une affaire d’échanges, de transmissions, de vivre-ensemble, aussi importante que savourer un repas ou se reposer, si ce n’est plus encore. Chaque œuvre créée a un sens profond, une chorégraphie, un ensemble de vibrations, de sons spécifiques, de sentiments, de pensées, directement en lien avec la culture de la tribu et son alliance, son attachement et sa relation avec la Source du Vivant, c’est-à-dire la Nature et le Ciel.
Dans ce genre de communautés, se rassembler au son des percussions, danser et chanter est l’occasion de se donner un sentiment d’appartenance et de solidarité, un temps pour se connecter et s’inscrire dans un rythme de vie collectif où les jeunes et vieux, riches et pauvres, hommes et femmes sont tous invités à contribuer à la société. Ainsi, la Musique Organique est, pour eux, une marque certaine et évidente de leur identité. Malheureusement, les nations occidentales ont pour beaucoup perdu cette notion vivante de la musique et avec elle, leur traditions et leur identité, puisqu’elle n’est plus vraiment pratiquée, jouée et dansée que par peu de groupes d’artistes qui l’entretiennent, encore aujourd’hui.
Représentation de Keith Terry et Wayan Dibia, au Theatre Artaud, à San Francisco en 1999.
Les œuvres de Musique Organique sont généralement le fruit des univers propres à chaque culture, et l’expression des sonorités qui vivent et résonnent en nous, que ce soit sur l’instant ou durablement. Ces œuvres peuvent être donc jouées et répétées, selon les humeurs, les traditions, les rites, les lunes, les saisons, etc., comme le seraient en quelques sortes des chansons populaires, des hymnes, des comédies musicales, accompagnés de danse, de rythmes et parfois mêmes de percussions corporelles.
Les œuvres de Musique Organique peuvent être également improvisées, c’est-à-dire réalisées sans parole, ni rythme ni mouvement préparés, ou encore être accompagnées de cris, de bruitages, de murmures ou de chants spontanés.
Enfin et aujourd’hui, dans les spectacles, les festivals, les concerts, et même chez de nombreuses tribus vivants avec la Nature, il n’est pas rare de voir la Musique organique être accompagnée d’outils externes, en plus du corps, comme les instruments acoustiques type tambours, udus, guitares, piano, flûtes, shruti box, etc., pouvant apporter une autre ambiance ou un autre ensemble de sonorités à la réalisation des œuvres.
Jour International de Musique Organique (« Musique Corporelle ») présentée par les Barbatuques.